Oh! Quel émoi!
Feuilleton en 4 épisodes
Episode 1
Quel vacarme! Quel brouhaha! Comment font-ils pour vivre dans ce tumulte permanent? Ils ont l'air d'aimer ça ...
Sitôt monté sur le trône, il s'exclame : "Maintenant, c'est moi qui commande!". Les autres se soumettent … ou font semblant, guettant le moment propice du renversement. Inéluctablement, ce moment viendra ; celui qui trône déploie une énergie folle pour s'y maintenir : suspicion, méfiance, toujours aux aguets … et finalement la faille, le brutal renversement. Celui qui monte sur le trône proclame à son tour : "Maintenant, c'est moi qui commande!" Et tout recommence.
Comment font-ils pour vivre ainsi?
Ils croient tous ce qu'on leur a dit : "Ici, c'est la loi du plus fort. Tu dois être le plus fort. Le plus fort commande, les faibles obéissent."
Moi, je ne suis pas comme ça. Je ne veux pas monter sur le trône. Ils pourraient penser que c'est par lâcheté, par peur du combat. Curieusement, non : ils respectent mon choix. Ils m'ont surnommé l'Observateur. Certains d'entre eux viennent me voir, pour un conseil, un réconfort, ou simplement pour discuter. Ils savent qu'ils ne craignent rient de moi.
Je pourrais rester comme ça, tranquille, dans mon coin. Mais je ne peux pas : cette situation de violence permanente m'est insupportable, je ne m'y résigne pas.
Mais comment faire?
Je ne sais pas.
Pour résoudre un problème, il faut d'abord le comprendre.
Pour le comprendre, il faut d'abord l'observer.
C'est ce que je fais.
Episode 2
Pourquoi veulent-ils monter sur le trône?
Par goût du pouvoir?
Je ne le crois pas : ils constatent que ce pouvoir est si dur à tenir, si éphémère …
Alors, je comprends que chacun d'eux veut être reconnu, veut se sentir exister par le regard de l'autre.
Alors je sais quoi faire. Lorsqu'on vient me voir, j'explique tout simplement qu'un tout petit changement peut tout changer. Au lieu de s'écrier : "Maintenant, c'est moi qui commande!", il suffit de dire : "Maintenant, c'est moi qui commande pour l'instant!"
Et à mon grand étonnement, c'est ce qu'ils font, chacun leur tour. Tout a changé ; à tour de rôle, chacun monte sur le trône, s'exclame, puis reste un moment avant de partir. Dans cette nouvelle ambiance, apaisée, voire amicale, ils sont allés plus loin : ils m'ont nommé Commandeur en Chef. ça m'a surpris, presque contrarié : je suis du genre discret, presque effacé. Mais ils ont insisté : dans certains cas, il faut quelqu'un qui décide, qui tranche, et ils ont tous confiance en mon sens de la justice.
Je suis perplexe ; comment un tel renversement a-t-il pu se produire?
Cela ne provient pas de moi : je suis juste le déclencheur, pas la cause.
Alors?
Nouvelle interrogation.
Nouvelle observation.
Nouvelle compréhension.
Episode 3
Ce monde est régit par la loi du plus fort : le plus fort commande, les plus faibles obéissent. Moi, ça ne me gène pas d'obéir. Voire même, je passe mon temps à obéir : j'ai soif, je veux boire boire, j'ai faim, je veux manger, je suis fatigué, je veux me reposer. Bien sûr, si j'ai soif je peux décider de ne pas boire … mais jusqu'à quand? Jusqu'à ce que je comprenne que le plus fort ce n'est pas moi, c'est la soif. Peut-être ont-ils compris qu'obéir n'est pas se soumettre, mais comprendre, donc adhérer.
Mais cela ne répond pas à mon interrogation ; cette "loi d'obéissance" n'est pas la loi du plus fort. Elle n'est pas de ce monde! D'où vient-elle?
La réponse : "d'un autre monde" ne me contentera pas!
Ne pas vouloir commander, dominer l'autre, c'est déjà ouvrir un espace en moi pour quelque chose de plus grand. Ce quelque chose de plus franc, on l'appelle AMOUR. Bien sûr, je peux par amour vouloir dominer l'autre, le posséder … mais je vois bien que je retombe dans la loi du plus fort!
Du coup, l'amour viendrait d'un autre monde où ne règne pas la loi du plus fort.
D'où vient-il?
Interrogation.
Observation.
Compréhension.
Episode 4
On nous a déjà parlé de ce monde où règne l'amour : "Aime ton prochain comme toi même ; aimez-vous les uns les autres" …
Ainsi, certains nous ont choisi, décidé de vivre selon la loi de l'amour … et c'est bien agréable! Etre heureux avec ses êtres chers … et avec soi-même, que peut-on imaginer de meilleur?
Pourtant, selon certains, l'amour n'est pas le terminus.
L'amour permet d'améliorer, de changer, mais pas de transformer. La transformation, ce changement radical, cette renaissance implique une force destructrice, qu'on appelle souvent le mort. Et l'amour et la mort nr font pas bon ménage.
Alors?
Au-delà de l'amour, création et destruction forment les deux faces de la vie. Je peux l'observer en moi-même : à chaque seconde, des milliers de cellules naissent … parce que des milliers de cellules sont mortes.
Ainsi, je peux accéder à ce monde au-delà de l'amour en mourant : je ne suis pas le créateur de ma vie, je ne suis pas mon propre maître, je ne suis pas un dieu en devenir. C'est la vertu cardinale de l'humilité, au cœur de la Tradition.
Ce passage, certains le décrivent comme passer de la bonne volonté à la volonté de bien. D'autres, comme le passage du monde de l'âme à celui de l'esprit. D'autres encore le décrivent ainsi :
"Moi, je vous baptise d'eau […] mais celui qui vient après moi est plus puissant que moi [...]. Lui, Il vous baptisera de Saint-Esprit et de feu." (Matthieu, 3, 11)
"Paroles, paroles, paroles, encore des paroles, toujours des mots". ça c'est Dalida.
Et pourquoi ne pas finir en chanson?
Moi, j'ai toujours aimé Dalida.
Le Bouddha, l'éléphant et les quatre aveugles
Conte traditionnel de l'Inde
Le Bouddha avait pour habitude de recevoir dans son palais une foule immense de disciples, tous candidats à l'éveil. Causeries. Dialogues. Mantras. Méditations.
Un jour, le Bouddha dit :
- Amenez-moi un éléphant et quatre aveugles."
Aussitôt dit, aussitôt fait. L'éléphant est au centre de la pièce, le Bouddha dit aux quatre aveugles près de lui :
- Qu'est-ce qu'un éléphant?"
Le premier aveugle s'avance et se cogne contre une patte du pachyderme. Il dit :
- Un éléphant c'est un arbre au tronc rugueux et puissant."
Le deuxième aveugle s'avance à son tour et se cogne contre l'oreille du pachyderme. Il dit :
- Pas du tout! Un éléphant c'est une grande pièce de tissu suspendue, souple et soyeuse."
Le troisième aveugle s'avance à son tour et se cogne contre la trompe du pachyderme. Il dit :
- N'importe quoi! Un éléphant c'est un gros serpent, souple et ondoyant."
Le quatrième aveugle s'avance à son tour et se cogne contre une défense du pachyderme. Il dit :
- Vous avez tous tort! Un éléphant c'est une arme redoutable : dure, ronde et pointue."
Les voilà qui s'invectivent, hurlant au plus fort, s'insultant sans vergogne.
Le Bouddha intervient :
- Ainsi est l'homme : même aveugle, il ne croit que ce qu'il voit. Sa réalité est la réalité. Ainsi, toute réalité différente de la sienne est mensonge ou erreur. Comment sortir de ce combat, où règne la loi du plus fort, la loi du plus grand nombre?
Tout dépend de moi, de ce que je cherche. Est-ce que je veux être le plus fort? Ma vérité est la vérité, ceux qui me contredisent ont tort.
Est-ce que je cherche la vérité? Alors, raisonnablement, ma vérité n'est qu'une petite part de la vérité, et ceux qui me contredisent ont chacun une petite part de vérité.
Alors, … si on cherchait la vérité ensemble?"
La vérité est ailleurs
Vidéo clip Culture Pub
C'est l'image grisâtre, presque sale, du haut d'une cité d'immeubles écrasés par des nuages lourds. Plan fixe. Pas de musique. Pas de bruit. Puis la caméra glisse le long des murs lisses jusqu'au trottoir désert. Elle pivote. On devine une silhouette qui s'approche. C'est un type genre voyou : gros blouson noir, jean, santiags, cheveux hirsutes. Il a le nez en l'air et siffle à tue-tête un air joyeux. Il marche à grands pas en balançant amplement les bras.
La caméra pivote. A l'autre bout du trottoir, une autre silhouette apparaît. C'est un type genre jeune cadre dynamique : costume cravate, cheveux noirs, courts, bien coiffés. Il a le nez en bas et semble marmonner. Il marche à petits pas serrés en serrant son attaché-case.
La caméra s'écarte et nous montre l'endroit où les deux passants vont se croiser sur le large trottoir. C'est alors que le voyou bondit et se jette sur le jeune cadre, qu'il plaque violement au sol en pesant de tout son poids.
Ecran noir. On pense ; "Malgré les apparences pacifiques, un voyou reste un voyou."
L'image revient. C'est la même qu'au tout début : le haut des bâtiments grisâtres d'immeubles immobiles. La caméra glisse à nouveau le long des murs lisses mais s'arrête très vite : il y a sur le balcon, là, une présence. C'est une vieille dame en robe de chambre bleue, un gros arrosoir à la main, qui entretient les fleurs et les plantes qui garnissent son balcon. Derrière elle, un chat noir, un gros matou, vient se frotter contre elle dans un gros câlin. La vieille dame, surprise, titube un peu, semble perdre l'équilibre. Le lourd arrosoir percute un énorme pot de fleurs posé sur la rambarde. Il vacille un instant, cherchant un nouvel équilibre, mais finalement renonce et se laisse tomber.
A nouveau les mêmes images de la caméra sur le trottoir, les deux silhouettes qui avancent l'une vers l'autre, prêtes à se croiser. A nouveau la caméra recule et nous montre le voyou qui bondit et se jette sur le jeune cadre. Mais cette fois, le plan est plus large : on voit l'énorme pot de fleurs qui s'écrase sur le trottoir, là où se serait trouvé le jeune cadre. On voit les éclats qui giclent violement, et le voyou qui protège de son corps sa victime.
Ecran noir. On devine : "Le voyou, le nez en l'air, a vu le pot de fleurs tomber et prêt à s'écraser. Voilà pourquoi il s'est jeté sur le jeune cadre." On se sent piteux.
L'écran se rallume : sur le fond noir en lettres blanches apparaît :
l'information est vraie
si on prend de la hauteur
Suit le nom d'un quotidien anglais d'informations.
Ce spot publicitaire, je l'ai vu à la télé dans l'émission Culture Pub, il y a une trentaine d'années. Depuis, à chaque fois que je réagis face à des images d'"information", je me pose toujours la même question :
ai-je pris de la hauteur?
Trois hommes pour une seule gourde
Conte Soufi
Ce sont trois voyageurs qui marchent dans le désert depuis plusieurs jours. Ils sont fatigués, harassés. Heureusement, plus qu'un jour de marche avant d'arriver à leur but, la capitale. Malheureusement, plus qu'une gourde d'eau pour un jour de marche.
Les trois amis se regardent, silencieux. Ils savent que s'ils partagent la gourde, tous trois périront avant d'atteindre le but. Un seul pourrait survivre … mais qui? Comment le choisir?
L'un d'eux déclara :
"Nous savons tous qu'un seul d'entre nous pourra survivre en buvant l'eau de la dernière gourde. Pour nous départager, je vous propose ceci : la nuit porte conseil, dormons, rêvons, et demain au lever nous serons en mesure de choisir."
Les deux autres, résignés, abattus, acceptent et tous les trois se couchent.
Aux premières lueurs du jour, les voici debout, bien réveillés.
Le premier dit :
- J'ai rêvé qu'en arrivant à la capitale, le roi me recevait dans son palais et me confiait le ministère du commerce. Très rapidement, je développais des routes commerciales, des traités d'échange avec les royaumes voisins. Notre royaume, ainsi que les royaumes alentours, entraient dans une ère de richesse et de prospérité. Plus de famine, plus de guerre. Une ère d'abondance! Voilà pourquoi je suis celui qui doit boire l'eau de la gourde.
Le second enchaîne :
- Rien n'est moins sûr! Ecoutez mon rêve. En arrivant à la capitale, le grand prêtre me reçoit dans son temple et me confie la tenue des cérémonies ordinaires. Très rapidement, des miracles s'accomplissent, les fidèles se multiplient, notre religion rayonne tel un soleil sur le royaume ainsi que les royaumes alentours. Plus de vol, plus de violence. Une ère d'amour et de compassion! Voilà pourquoi je suis celui qui doit boire l'eau de la gourde.
Les deux premiers se tournent vers le troisième et l'interpellent du regard : et toi, qu'as-tu rêvé?
- Moi, cette nuit, j'avais tellement soif que je n'arrivais pas à dormir. Alors, je me suis levé et j'ai bu la gourde."
Comment perdre 20 kilos grâce à la pensée positive
(histoire vraie)
Histoire d'autant plus vraie que c'est mon histoire, alors je sais de quoi je parle …
C'était cet été, enfin juste avant l'été, avant de partir en vacances. Je sors de l'armoire les vêtements d'été, et là, catastrophe! Impossible de les enfiler. Ils avaient tous rétréci pendant l'hiver. J'ai même pas essayé les maillots de bain, je vais pas m'exhiber dans cet état sur la plage! C'est décidé : je vais perdre vingt kilos. D'un seul coup.
J'en parle au boulot.
" Vingt kilos en une semaine? Impossible, même avec le meilleur des régimes.
- Qui te parle de régime? C'est par le pouvoir de la pensée, la pensée positive.
- A la rigueur, une bonne liposuccion ... et encore ...
- Beurk! Quelle horreur! Je vous ai déjà dit : c'est par le pouvoir de la pensée, la pensée positive.
Impossible de les convaincre. Bande de bourrins!
Chemin de retour à vélo, comme d'habitude. Au feu, la voiture ne s'arrête pas comme d'habitude et me percute de plein fouet. Heureusement, les secours ça a été rapide. A l'hôpital aussi. Et en salle d'op' ; ça n'a pas trainé : amputation d'urgence de la jambe droite.
La bonne nouvelle?
J'ai perdu 20 kilos.
D'un seul coup.
Comment devenir millionnaire grâce à la pensée positive
(histoire vraie)
Sacha, il est formidable. Plein de vie. Passionné. Généreux.
L'autre jour il m'a dit :
- Ecoute-moi bien, j'ai un truc formidable. Révolutionnaire! Je peux exaucer tous tes vœux. Enfin, pas moi, mais toi. On est tous des dieux, on peut tous créer notre réalité. Tiens, là, maintenant, choisis un vœu.
Sacha, oh Sacha, il y a des choses ça ne se dit pas …
- ça y est, je sais. Tu n'oses pas me dire, mais moi j'ai trouvé. Tu voudrais être riche, c'est bien ça, hein? Alors le truc c'est tout bête : le matin, tu t'assois, tu respire profondément et tu dis trois fois, à voix haute : "Je vais être riche!" Voila, tu fais ça une semaine et ça marche à tous les coups"
Au bout d'une semaine, j'ai appelé Sacha. C'est un prétexte, je sais, mais bon, ça n'avait pas marché.
- C'est pas grave, ça arrive des fois au début. C'est simple, le truc tu le fais le matin ET le soir. Tu vas voir, ça va marcher"
Une semaine après, j'ai rappelé Sacha. Oui, oui, je sais, les prétextes … mais bon, ça n'avait pas marché. Il avait l'air un peu contrarié.
- Bon c'est pas grave, voilà ce que tu vas faire. Le truc tu le fais matin, midi et soir. Et si jamais, au bout d'une semaine, tu m'appelles pas, tu le fais toutes les heures. T'as bien compris? Tu vas voir, ça va marcher"
Et ça a marché.
Au feu, la voiture ne s'est pas arrêtée et m'a percuté de plein fouet. Heureusement, les secours, ça a été rapide. A l'hôpital un conseiller de l'assurance est venu me voir :
- J'ai de bonnes nouvelles. De très bonnes nouvelles.
Tous les frais d'hospitalisation sont pris en charge, bien entendu. Et de plus, tous les frais médicaux sont remboursés jusqu'à la fin de vos jours."
Petit temps de silence. Il a les yeux qui pétillent.
- Mais j'ai encore mieux : l'assurance du chauffard vous verse un million. Vous voilà riche!"
J'ai cligné la paupière de l'œil gauche, c'est le seul truc que je peux bouger depuis que je suis tétraplégique.
Enfin riche!
Quand je vais raconter ça à Sacha!
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